Parlons-en: Le Hulk de Ang Lee

Yannis Fardeau

Le film HULK de Ang Lee est considéré par beaucoup comme une mauvaise adaptation, voire une insulte aux comics. Est-ce la réalité ? Parlons-en.

Lynché par la communauté des fans de comics, le film HULK de Ang Lee (2003) est considéré comme un mauvais film et un mauvais Hulk, certains vont jusqu’à dire que le film crache sur les comics. Et si on vous disais que c’est faux ?

© Marvel, Universal Pictures

Bien qu’il y ait quelques différences majeures dans l’histoire, comme le fait que dans les comicsBruce Banner travaille pour le Général Ross et construit la bombe gamma pour eux, se faisant « irradier » en voulant sauver Rick Jones qui s’est introduit dans la zone d’essais.

Hulk appartenant à Universal, l’accès d’adaptation était très limité, et la situation du pays ne permettait pas de prendre de tels détails. En 2003, les États-Unis étaient en pleine guerre, et Georges W. Bush parlait de menace chimique et nucléaire… Vous imaginez un film de super-héros faire la promotion d’une bombe gamma en même temps ? Même pas 2 ans après l’événement dévastateur du World Trade Center, alors que le cinéma comics débutait tout juste ?

Quitte à se restreindre dans l’adaptation, autant prendre des libertés: Bien que le bad guy du film ne soit pas nommé, il reprend absolument toutes les caractéristiques de l’Homme-Absorbant (Absorbing Man dans la version originale). Ce personnage, ennemi de Thor, est né en prison lorsque Loki donne une potion à son alter-ego Carl Creel dans le but de battre Thor. Ses pouvoirs sont tels qu’il peut fusionner avec tout: l’eau, le feu, la terre, l’électricité, la pierre, ou même le nucléaire. Le fait de plagier l’Homme-Absorbant et de changer son identité pour une question de droits, et d’en faire le père de Bruce Banner rend les choses bien plus intéressantes que si c’était un méchant lambda.

Bruce a vu son père tuer sa mère lorsqu’il était enfant. Il s’est refermé sur lui durant absolument toute sa vie. Son père, quant à lui, est assez fier de ce qu’il a fait, il l’a fait car il le devait, c’est tout. Le contraste entre ces deux personnage est carrément fou: Un est en colère et explose de rage lorsqu’il perd le contrôle, tandis que l’autre reste lucide et fusionne avec tout ce qu’il touche, car il accepte ce qu’il est et aime ça.

Ang Lee nous a pondu un film super travaillé proposant une guerre psychologique digne des comics. Cette adaptation est la plus fidèle aux qu’on a eu sur le personnage, mais ces points de fidélité ne sont pas dans l’histoire: C’est psychologique. Un enfant perdant sa mère à cause de son père, à l’âge où il ouvre les yeux sur la différence entre un garçon et une fille, à l’âge où il dit être amoureux de sa mère en voyant le mal que son père fait (alcool, drogue, disputes…) et déclenche une mini-rivalité avec son père. Cet état a été théorisé par Sigmund Freud comme étant le « complexe d’Œdipe ».

Bruce Banner (Eric Bana) et son père, David (Nick Nolte) © Marvel, Universal Pictures

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Bruce ressent un véritable manque affectif qui le hante et le met en rogne, nourrissant son alter-ego vert, et le fait que Betty puisse le calmer aussi facilement montre comme son état mental est désastreux: Elle ressemble énormément à la mère de Bruce, et le manque affectif de Bruce est si fort qu’une caresse de sa part le rempli de joie et calme le Colosse de Jade même dans ses moments de fureur. Bruce est froid car il essaye constamment de ne pas péter un plomb, et ce même avant son accident. La scène d’introduction du film, montrant le cauchemar de Bruce puis le montrant se réveiller en larmes, est justement là pour montrer dès le début qu’il est instable et fragile mentalement.

Le film ne parle pas de Hulk contre l’Homme-Absorbant, ce n’est qu’un aspect. Le véritable sujet du film est un homme détruit qui lutte contre son « moi intérieur » car il en est effrayé, il a peur de devenir un monstre, et se retrouve contraint d’affronter l’homme qui lui a tout pris, un homme complet et heureux d’être un monstre. C’est une guerre mentale entre ces deux personnages.

Hulk (Eric Bana) © Marvel, Universal Pictures

Les comics INCREDIBLE HULK ont toujours été psychologiques, et le HULK de Ang Lee retrace cet aspect à la perfection. Lisez les INCREDIBLE HULK ANNUAL, regardez ce qui a été fait entre 1962 et 1980. Si vous savez lire entre les cases, entre les bulles, vous y verrez le HULK de Ang Lee dans ses moindres détails. Ce film est l’adaptation la plus fidèle de Hulk, et est de loin le meilleur film qui a été fait sur le personnage. 

L'AUTEUR

YANNIS FARDEAU

Co-fondateur de COMIX'TRÊME ─ fana de Stephen King, Potterhead, et passionné de blagues Carambar. Collectionne des alpagas (vivants) pour devenir maître du monde et, objectivement, manger des glaces.

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